Une spécialité anti-nucléaire: les données farfelues

Note de la rédaction du 15.3.2013

Les données obstinément fausses et alarmantes, sur les dangers de la radioactivité, répandues par des anti-nucléaires, après les accidents de Tchernobyl et de Fukushima, ont beaucoup contribué à paniquer la population, et par la suite à fourvoyer entre autres les autorités allemandes et suisses; une soi-disant sortie du nucléaire, décidée dans chaque pays par le Gouvernement, en a résulté dans la précipitation. Ces décisions sont en train de nous mener dans le mur: techniquement une impasse énergétique, accompagnée d’un formidable gaspillage financier et de pollutions massives au CO2. Les conséquences: un réchauffement climatique incontrôlable.

Lettre de lecteur

Une ère nucléaire renouvelée

M. van Singer (Le Temps du 25 mars 2011) croit pouvoir s’autoriser à prophétiser une prochaine ère post-nucléaire ! Pour conforter sa vindicte envers l’énergie nucléaire, il s’appuie sur des données proprement extravagantes chiffrant les conséquences de Tchernobyl, selon un rapport « dissident » unique en son genre que contredisent les toutes dernières conclusions (1) du Forum Chernobyl (formé des États russe, ukrainien et biélorusse, avec leurs Académies des sciences, et de six Agences de l’ONU). Le conseiller national Vert n’est pas avare de chiffres arrondis à hauteur de plusieurs centaines de mille, n’osant juste pas insinuer un bilan d’un million de morts.

Mais il suffit de regarder de plus près quelques autres données de ce rapport – qui ne semble pas avoir été relu par des pairs –, pour s’apercevoir qu’on y trouve des chiffres complètement fantaisistes. Par exemple, l’ampleur des retombées radioactives de Tchernobyl aurait été de 10 GCi (10 milliards de curies), soit 370 EBq (370 milliards de milliards de becquerels), un chiffre colporté par tous les mouvements antinucléaires peu regardants quant au bienfondé de ce qu’il signifie ! Or l’activité totale du cœur d’un réacteur de 3’240 MW thermiques est de l’ordre de 100 EBq, soit 3 GCi. Par contre, on sait officiellement, à partir des rapports du Forum Chernobyl (2), appuyés sur des centaines de publications scientifiques à comité de lecture, que la totalité des relâchements de substances radioactives entre avril et septembre 1986 a été de quelque 14 EBq, soit 0,4 GCi (donc 14% du contenu en radioactivité du réacteur), dont la  moitié issue de quatre isotopes volatiles et à courtes demi-vies. Le chiffre énorme (25 fois plus !) de 10 GCi = 370 EBq, avancé dans ce rapport provocant, aurait été le relâchement de tout le contenu en radioactivité de près de 4 réacteurs ! Il faut cesser de publier des fariboles pour créer la peur et déstabiliser un public qui n’est pas encore assez informé, ni prémuni contre des affirmations éhontées.

Quant aux conséquences de la tragédie japonaise sur la politique énergétique suisse, il est évident que l’avenir sera autre que le passé, l’ère nucléaire sera renouvelée ; mais, avant de jouer les prophètes d’une ère helvétique post-nucléaire, s’il vous plaît, attendons de connaître exactement les résultats de l’examen des dysfonctionnements locaux et l’analyse des radioactivités effectivement relâchées et des atteintes sanitaires au personnel de la centrale et aux populations voisines de Fukushima !

Christophe de Reyff

Pensier (FR), le 28 mars 2011

Sources officielles (ONU et IAEA):

(1)  http://www.unscear.org/docs/reports/2008/11-80076_Report_2008_Annex_D.pdf

(2)  http://www.iaea.org/Publications/Booklets/Chernobyl/chernobyl.pdf

 

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