Note de la rédaction du 15.3.2013
Nous sommes, avec cette lettre de lecteur, au coeur d’une des violations des lois de la physique, très courante dans le dossier de l’énergie en Suisse: on se contente d’étudier les énergies (en TWH souvent), en négligeant les dérivées selon le temps, par exemple les puissances en jeu (en MW).
Lettre de lecteur
Dans une pleine page (Le Temps 14.4.2011) E. Dubuis présente des éléments de réponse à la question «Et si la Suisse sortait du nucléaire? Tout de suite Dans une génération». On y cherche en vain l’analyse d’une notion capitale, celle de puissance; car il faut assurer jour et nuit un minimum de puissance qui est couvert aux 3/5 par nos centrales nucléaires.
En effet la problématique de l’approvisionnement électrique d’un pays ne se ramène pas seulement à l’aspect «énergie» (en kWh, en milliards de kWh ou en TWh), mais aussi, et de façon éminemment cruciale, à l’aspect «puissance» (en watts, en milliards de watts ou en GW). Quelques rappels: la consommation brute du pays a atteint en 2010 un sommet de 64,3 TWh et a crû de 4% par rapport à celle de 2009, à un niveau, encore jamais vu en Suisse. En regard, la production nationale nette a été de 63,8 TWh. La différence de 0,5 TWh provient du solde importateur des échanges avec l’Europe. Il ressort de ces deux chiffres, à hauteur de quelque 64 TWh, qu’est impliquée une puissance moyenne de 7,3 GW. Mais il faut procéder à une analyse plus fine, au jour le jour, et observer que la puissance demandée ne tombe jamais en dessous de 5 GW, de 0 h à minuit, tous les jours; durant la journée, la puissance demandée monte jusqu’à 10 à 12 GW.
La question précise réside ici : comment assurer ces deux niveaux de puissance, le ruban de 5 GW et les crêtes au-delà? Actuellement, nous avons 2 GW couverts par les centrales hydrauliques au fil de l’eau et 3 GW par nos 5 centrales nucléaires. Les importations à partir du marché européen ne contribuent pas à ce ruban, car chaque pays doit assurer cette partie, les échanges internationaux contribuant au reste, à côté des centrales hydroélectriques à accumulation. La question n’est pas de produire autrement l’équivalent de ce que produisent nos centrales nucléaires (soit 26 TWh), mais d’assurer cette puissance de 3 GW.
Christophe de Reyff
Pensier (FR), le 3 mai 2011