Lettre de lecteur, publiée le 6.10.2014 dans Le Temps, avec un titre modifié (“L’optimiste Doris Leuthard”), les deux paragraphes modifiés/tronqués à la fin et une erreur de notation, mm3 (milli-) au lieu de Mm3 (Millions!).
L’éditeur, le 12.10.2014.
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L’objectif premier d’une transition énergétique est de réduire notre dépendance aux énergies fossiles importées. Il ne faut pas se tromper de transition: il s’agit bien avant tout d’engager une transition énergétique et pas électrique! Dans son plaidoyer (LT 30 septembre) notre Ministre de l’énergie écrit: «il est important de continuer à investir en Suisse pour éviter de devoir importer toujours plus d’électricité». La part des agents fossiles et nos émissions de CO2 vont diminuer grâce au nombre croissant de pompes à chaleur (PAC) et de véhicules électriques (VEL); cela signifie un report sur la demande d’électricité qui ne pourra que croître, malgré les efforts d’efficacité et les succès des smart grids. Nous consommons 60 TWh (milliards de kWh) par an; ce sera bien plus avec des centaines de milliers de PAC et de VEL dont l’électricité devra être produite, de nuit et de jour, dans le pays.
Il semble que, comme beaucoup de personnes, notre Ministre n’ait pas le feeling de ce que représente un TWh: la Grande-Dixence (400 Mm3 d’eau) en produit deux par an, Mühleberg trois. Si, pour stocker, en vue de l’hiver, les excès de production estivale du solaire, il fallait recourir à des batteries, p.ex. du type chlorure de sodium/nickel, avec 1,5 kg de nickel pour un kWh, il en faudrait 1,5 million de tonnes pour un TWh, soit 70% de la production mondiale annuelle de nickel; le volume de l’accumulateur serait de 8 Mm3, un cube de 200 m de côté, pour un seul TWh! Le stockage électrochimique en masse est donc exclu. On parle d’hydrogène, d’air comprimé, de supercondensateurs, d’énergie magnétique à supraconducteur… Le calcul des masses en jeu, nécessaires pour stocker une dizaine de TWh, donne des quantités de matières astronomiques. Reste le pompage dans nos bassins d’accumulation de montagne; là, nous n’avons que quelques TWh de capacité, et augmenter leur nombre représentera des coûts insupportables.
Christophe de Reyff, Pensier (FR), le 3.10.2014
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Commentaire
On trouve ici pourquoi le remplacement du nucléaire se fera en Suisse par d’autres moyens que par des éoliennes ou par des panneaux photovoltaïques; que ce soient par les puissances ou par les quantités d’accumulateurs saisonniers nécessaires, les premiers calculs révèlent des obstacles pratiques et aussi financiers insurmontables; à ce sujet, relire Remplacer Mühleberg nucléaire ? Exclu !
Il faut attendre des chercheurs les solutions miracles, qui feraient de “la transition énergétique” mieux qu’une entreprise téméraire … Cela pourrait prendre bien plus que 25 ans – ou ne jamais se produire. Dans ce cas, l’entreprise téméraire se transformera en désastre national.
André Bovay-Rohr, Colombier (VD), le 12.10.2014
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