Le flux thermique venu du Globe est en Suisse romande d’environ 75 KW thermiques par Km² de territoire; c’est toujours pour le physicien la stupéfaction, d’entendre parler de centrale électrique dans ce contexte: si l’on exploite plus de quelques dizaines de KW thermiques, on puise dans des réserves de chaleur fossile – ce qui n’est pas durable …
Il y a aussi la probabilité de déclencher des micro-séismes dûs non seulement à la fracturation ou aux variations de pression des débuts, mais encore avec le temps à la contraction du volume exploité, par refroidissement.
Forer à 5’000 m ou plus mène dans des couches géologiques, où l’on trouve non seulement de l’eau à plus de 180°C, mais aussi toutes sortes de gaz, de sels minéraux, de bitumes ou de boues; corrosifs, malodorants et dangereux pour certains … Se documenter sur Lacq, France, forage difficile en 1951 et Sidoarjo, Indonésie, forage catastrophique en 2006.
Au vu de ce qui précède, vouloir remplacer même seulement une minuscule fraction des centrales nucléaires (sacrifice inutile !) et du chauffage au mazout par des centrales géothermiques relève en Pays de Vaud du fantasme idéologique. La cassée de figure technique et financière annoncée par les physiciens est probable – à moins qu’on fasse de ces forages, en passant, toute autre chose que ce qu’on annonce, telle qu’une exploitation de pétrole ou de gaz de schiste …
Le projet évoqué dans la lettre de lecteur ci-dessous est documenté sur le site energeô la Côte ; à son sujet j’ai retenu trois chiffres: un devis de 104 millions de Fr., l’ambition de forer jusqu’à 5’000 m de profondeur et la donnée moyenne d’un degré géothermique spécifiquement romand de 35°C/Km. Ce site détaille quelques avantages de la géothermie profonde – qui sont indéniables en zone volcanique, comme dans le Lardarello, Italie, première exploitation en 1904 – mais il ne dit pas grand-chose de ses inconvénients fondamentaux.
En ce qui concerne la Confédération, lire Résultats provisoires de la consultation fédérale suisse ; depuis, les avis de scientifiques indépendants ont été avec beaucoup de hauteur simplement ignorés … d’où un gaspillage phénoménal des deniers publics 🙁 sans parler d’un avenir potentiellement très noir; lire par exemple Danse au bord du gouffre parmi moult articles de la catégorie « Suisse », comme Pagaille fédérale sur l’énergie .
L’éditeur, rév. du 18.7.2013.
Lettre de lecteur (parue le 21 juin 2013 page 12 du Journal de Morges)
La présente fait suite à l’article « Nouvel élan pour la géothermie » paru le 7 juin 2013 page 12 du Journal de Morges.
Parmi les rares physiciens, ayant refait les calculs menant à déterminer la stratégie énergétique de la Confédération, j’ai dû constater avec effarement qu’elle n’a pas la plus petite chance de réussir: cela a été dit officiellement à qui de droit, tout comme la Fédération romande de l’énergie d’ailleurs, en janvier dernier. Documentation à rechercher sur: www.entrelemanetjura.ch
Cette stratégie se poursuit, y compris au fin fond de nos campagnes, comme si de rien n’était, avec des parcs éoliens ou photovoltaïques, par exemples. Cette stratégie a été reprise par le Canton de Vaud; elle nous mène à gaspiller notre argent, dans une technique de géothermie profonde, qui n’est pas durable dans les puissances envisagées.
Pour les 4 sites proposés par la SEFA et par Romande énergie, il faudra investir dans les 30 millions de Fr. pour l’exploration et en cas de succès (un cas sur 3) au moins 50 millions supplémentaires pour chaque usine; c’est donc de l’argent venu de nos factures d’électricité, les risques autres que financiers seront couverts par le contribuable suisse; car il s’agit d’entreprises à risques, dont les techniques sont très proches de l’exploration pour des gaz de schistes ou du pétrole; dans une zone aussi habitée que notre région, pareille audace me surprend !
André Bovay-Rohr, Colombier (VD), 7 juin 2013
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