Le dernier tour de la terrifiante Nature

Elle nous a envoyé l’été dernier un message très menaçant, qui visiblement n’a pas été compris chez les Hommes: les fontaines de gaz de l’Arctique :=((

Je vais donc détailler ici en quoi consiste le phénomène et pourquoi ce message est catastrophique.

A la fin de la dernière glaciation, vers -14’000 ans, l’océan mondial était à 110 mètres au-dessous du niveau actuel: toute la zone côtière circumpolaire nord était donc constituée de pergélisol formé largement d’ex-marécages gelés, contenant en grandes quantités du gaz de marais prisonnier de la glace; il faut savoir que les gaz dégagés par les végétaux en train de pourrir ne vont pas se dissoudre dans l’eau, mais que sous forte pression et en gelant, ils se sont faits emprisonner; on a alors affaire essentiellement à des hydrates de méthane et d’autres hydrocarbures légers ou clathrates; tant que la glace ne fond pas, les clathrates peuvent subsister des millions d’années. On en a trouvé, qui par cm3 dégagent 164 cm3 de gaz; le volume de gaz total, économiquement inexploitable, présent sur le sol océanique sous forme de clathrates, représente dans les 10’000 fois le volume total des réserves de pétrole connues.

Quand l’océan mondial s’est mis à monter, le pergélisol a d’abord été en contact avec de l’eau de mer très froide, la plupart de l’année aussi avec de la glace; les clathrates n’ont pas fondu. Pour être parvenus jusqu’à nos jours, il a fallu que l’eau de mer qui recouvre ces fonds marins reste à 0°C ou légèrement au-dessous, et que la banquise couvrant la région empêche tout réchauffement de l’eau en contact avec les fonds. Avec le réchauffement climatique et la fonte de plus en plus massive de la banquise, le soleil parvient maintenant à réchauffer l’eau de surface; sitôt qu’elle atteint +4°C, elle est à son maximum de densité et coule: il s’est établi ainsi un retournement de l’eau de la zone côtière et donc un apport de chaleur sur les fonds marins: les clathrates se sont mis à fondre et donc à dégager leur gaz. Celui-ci présente un effet de serre de 72 fois celui du CO2; ces données prolongent l’article Danse-au-bord-du-gouffre .

Ce gaz est trop diffus pour être exploitable et sur les immenses surfaces mises ainsi à la fonte des clathrates, nous sommes maintenant en présence d’une surmultipliée de l’effet de serre, qui sera impossible à stopper; nous devrions évidemment cesser toute émission de CO2, pour qu’il n’y ait pas amplification du phénomène, mais selon toute vraisemblance, il est déjà trop tard: le réchauffement climatique s’auto-amplifie massivement. 

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3 réponses à Le dernier tour de la terrifiante Nature

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