Lettre de lecteur
Certes, la fuite de 74 kg d’uranium en juillet 2008 au Tricastin est un incident déplorable. Mais il va permettre de procéder à des remises à niveau des systèmes de transvasage. Toutefois, cette quantité d’uranium n’a en soi rien de dangereux, car elle se dilue dans les eaux d’écoulement et les nappes phréatiques qui sont, à un degré ou à un autre, déjà uranifères, comme le sont les sols environnants de façon naturelle (en moyenne 3 grammes par tonne). Contrairement à ce que l’on croit, la radioactivité de l’uranium est très faible : techniquement parlant, 25.28 millibecquerel par microgramme, autrement dit de façon plus simple, 1 désintégration par seconde pour 40 microgrammes. L’être humain est “naturellement” passablement radioactif : 8’000 becquerels (en raison surtout du carbone-14 et du potassium-40), soit autant que 0.3 g d’uranium ! Alors que la teneur effective de l’organisme en uranium n’est que de quelque 100 à 150 microgrammes.
Une comparaison : le Rhône charrie de l’uranium dû au lessivage de roches uranifères du massif du Mt-Blanc. À son embouchure dans le Léman, on mesure des concentrations allant jusqu’à 15 microgrammes/L, soit plus de cent fois la moyenne des rivières mondiales. Connaissant son débit moyen, on calcule qu’il ne faut qu’une demi-journée au Rhône pour charrier 74 kg d’uranium dans le Léman. Ce dernier en recèle des centaines de tonnes dissoutes dans ses eaux pourtant propices à la baignade. On y nage dans l’uranium, aux deux sens du terme !
Rappelons que, il y a quelques décennies, plusieurs eaux minérales renommées – du fait de leur origine profonde et d’un cheminement millénaire dans du granite – vantaient sur leurs étiquettes des teneurs en uranium allant jusqu’à 8 microgrammes/L ! Cela sans parler des “descendants” de l’uranium que sont le radium, le radon, etc., toujours associés en traces, mais dont la contribution à la radioactivité d’une eau minérale est aussi élevée que celle de l’uranium. Les étiquettes ont certes bien changé depuis, mais pas le contenu… L’OMS recommande une teneur maximale de 15 microgrammes/L dans l’eau potable alors que l’Agence américaine pour la protection de l’environnement en accepte 30. Une fontaine dans le canton de Fribourg, alimentée par de l’eau de source, laisse même couler de l’uranium, à raison de près de 25 microgrammes/L.
Christophe de Reyff
Pensier, le 15 septembre 2008
Ping : Thèmes dans le blog – pour débuter | Toutes les énergies
Ping : Radioactivité: une fraude scientifique en a exagéré les risques | Toutes les énergies