Sortir du nucléaire?

[Lettre de lecteur, publiée dans le Quotidien Le Temps (LT) du 14.11.2016, sous le titre modifié par la rédaction en “Une source d’énergie qui disparaîtrait”   –  L’éditeur, le 15.11.2016]

En cas de sortie du nucléaire, il y a pire que les 4,1 milliards d’Axpo et les 2,5 milliards d’Alpiq qui seraient réclamés comme indemnisations (LT des 31 octobre, 1er et 7 novembre). Ce seraient 3,3 milliards de watts (gigawatts ou GW) de puissance électrique qui disparaîtraient, eux qui nous assurent non seulement une énergie de 24 milliards de kWh (térawattheures ou TWh), dont 14 TWh en hiver, mais surtout une garantie indispensable de puissance soutenue.

En effet, la consommation brute d’électricité en Suisse n’est pas seulement un chiffre de quelque 62 TWh simplement comptabilisés chaque 31 décembre, mais cette demande est soutenue par une puissance continue qui est en moyenne de 7 GW. On oublie en général de mentionner qu’elle ne descend jamais en dessous de 5 GW, même au cœur de la nuit, dont 2 GW sont assurés par les centrales hydrauliques au fil de l’eau et 3 GW par les centrales nucléaires. Si celles-ci venaient à manquer – demain ou après demain cela ne fait pas de différence –, il faudrait assurer d’une façon ou d’une autre cette part de 3 GW dans la puissance de base incompressible et continue de 5 GW que demande le pays.

On devrait soit importer d’avantage, à condition qu’on puisse toujours le faire de façon garantie et au bon moment, soit construire d’autres centrales thermiques à agents fossiles, génératrices, elles, de gaz à effet de serre. Les nouvelles énergies renouvelables, même si elles arrivaient à produire l’équivalent des 24 TWh du nucléaire au 31 décembre de chaque année, ne peuvent physiquement pas assurer ce ruban continu nécessaire, car elles sont aléatoires et intermittentes. En cela la «Stratégie énergétique 2050» n’est pas plus raisonnable ni mieux réfléchie que l’initiative des Verts.

Christophe de Reyff, Pensier (FR), le 7 novembre 2016

Commentaire 

M. De Reyff a complété cet article sur cette publication par une remarque:

Voir: https://clubenergie2051.ch/2016/11/18/sortir-du-nucleaire/

à propos de la négligence du facteur temps …

*  *   *

[Lettre de lecteur, à ma connaissance pas publiée dans le Quotidien Le Temps (LT) à ce jour   –  L’éditeur, le 18.11.2016]

Objet: Sortie volontariste du nucléaire: entreprise téméraire !

À: lt_lecteurs@ringier.ch, SBG@letemps.ch

Copie: jacques.neirynck@epfl.ch

Monsieur le Rédacteur en Chef, 

Dans l’éditorial de ce 7 novembre 2016, M. Wuthrich présente l’évolution du dossier de l’énergie, comme si la Stratégie énergétique 2050 était autre chose qu’une entreprise téméraire, promise à un cuisant échec. 

Pourtant, quand on vérifie par simulations et calculs son contenu, on s’aperçoit très vite de ce désastreux fait scientifique …  C’est ce que le Parlement fédéral a cette année, par ses commissions CEATE, refusé de faire. 

Les effets financiers de la surproduction structurelle d’électricité (résultant en Allemagne de l’abus des sources d’énergies renouvelables) permettent pourtant aussi de vérifier l’aberration technique de la transition projetée.  On peut subodorer le triste sort qui nous attend, en examinant d’un oeil critique ce qui se passe, chez nos voisins du Nord ou en Australie du Sud: par exemple le brutal black-out électrique du 28.9.2016 à Adelaïde – pour deux jours – en donne une assez bonne idée. 

Quand à la lettre de lecteur du Pr. Neirynck, on n’y comprend pas pourquoi une industrie à « stratégie rémunératrice » aurait ces jours les plus graves difficultés financières … Tempi passati. D’autre part, on ne saurait mieux  confirmer l’avènement d’une dépendance énergétique massive et téméraire envers les pays voisins. 

André Bovay-Rohr, Physicien, Colombier, le 7 novembre 2016

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