Nucléaire: un constat implacable, vraiment?

Lettre de lecteur, publiée dans Le Temps le 5 décembre, dont le titre a été changé par la rédaction du LT en “Nucléaire : sortie hâtive”.

D’où vient cette certitude (voir Le Temps du 21 novembre) qu’aucune centrale nucléaire n’a la moindre chance d’être construite en Suisse? Il ne faut pas se gêner de rappeler que des plans étaient quasiment prêts jusqu’au 25 mai 2011 – date de la décision hâtive de «sortie» par le Conseil fédéral – pour trois nouveaux réacteurs sur les sites des centrales actuelles et qu’on serait en train de couler le radier du premier. On nous rebat les oreilles avec «l’exemple» allemand. Sortir du nucléaire au prix de centrales polluantes au lignite, non merci!

Il est illusoire de remplacer cette ressource nucléaire par des agents renouvelables. En effet, on a, d’une part, la nécessité d’assurer un courant de base qui est à hauteur de 5 GW au minium toute l’année et, de l’autre, la «Stratégie énergétique 2050» (SE2050) propose ~24 TWh d’électricité produite par des sources renouvelables dont principalement du solaires et de l’éolien. On répond naïvement à une demande de garantie de puissance par un bilan d’énergie annuel! C’est une grave confusion, car ce n’est pas résoudre le problème posé. On ne peut pas garantir une puissance de base par des sources aléatoires et intermittentes. Le pompage-turbinage, que l’on présente comme la panacée, doit de toute façon être mis en œuvre, mais son potentiel reste marginal (quelques TWh) et ne va de loin pas permettre de stocker 18 TWh en été pour retrouver 14 TWh en hiver. Ce sont là des considérations de bon sens, basées sur un peu de physique. La SE2050 prévoit aussi un apport de ~11 TWh par des centrales aux agents fossiles, soit ~8 Mt de CO2 en plus. Voulons-nous une vraie transition énergétique vers moins de fossiles, oui ou non? Il serait absurde de se lancer dans une utilisation accrue d’agents fossiles pour faire notre électricité. De plus, avec une taxe à 120 francs la tonne de CO2, ce ne serait plus rentable. Regardons la réalité en face, n’imitons pas ceux qui s’égarent!

Nucléaire: un constat implacable, vraiment?

Christophe de Reyff, Pensier (FR), le 22 novembre 2014

Sur le même thème, voir Nucléaire : rêveries ou analyses sérieuses ? 

l’éditeur, le 15 janvier 2015

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