Mühleberg, un remplacement difficile

Note de la rédaction du 15.3.2013

Le titre de la lettre de lecteur est un euphémisme: chaque mise hors service d’une centrale nucléaire européenne devra impérativement être remplacée par une puissance d’origine thermique équivalente ou supérieure. Comme la Suisse et certains puissants voisins s’interdisent de recourir au nucléaire moderne, la croissance massive de la pollution au CO2 est inéluctable.

Lettre de lecteur 

Le concert de bravos annonçant la fin de la centrale nucléaire de Mühleberg (Le Temps du 8 mars 2012) paraît prématuré, car le TAF s’est érigé en juge de la sûreté nucléaire, ce qu’il n’est ni sur le fond ni sur la forme, puisque selon la loi seule l’IFSN a cette compétence. Voici quelques chiffres à retenir : depuis sa mise en service en 1972, la centrale a produit à ce jour plus de 100 TWh (100 milliards de kWh), soit en moyenne 2,5 TWh par an, par exemple, 2,6 TWh en 2011 et même 3,1 TWh en 2010. Ce chiffre représente 5% de la consommation nationale d’électricité ; est-ce négligeable, comme on l’entend ou le lit ici et là ?

Mais il est une comparaison bien plus édifiante à faire dans le contexte du futur remplacement de cette production manquante. Utilisons l’éolien et le photovoltaïque (PV) pris ensemble : leur production totale, cumulée depuis les années 80 à ce jour, s’élève à 0,7 TWh. Ce chiffre, un cumul sur 30 ans, est au total près de quatre fois moins qu’une seule production annuelle de Mühleberg ! Ce n’est pas demain qu’on arrivera à cette substitution, car remplacer Mühleberg demanderait d’installer une puissance PV d’au moins 2,7 GW (gigawatts ou milliards de watts), soit 540’000 installations PV domestiques de 5 kW chacune, ou bien 280 turbines éoliennes d’une puissance de 5 MW (mégawatts ou millions de watts) chacune. Ce sont là des réalisations de vaste ampleur, guère faisables dans un proche avenir. L’article (Le Temps du 21 mars), consacré à la course au solaire, annonce une nouvelle installation de 1,1 MW ; on doit s’en réjouir, mais c’est 2454 fois cela qu’il faudra réaliser ! L’Agence des énergies renouvelables demande (le 20 mars) 3 m2 de PV par habitant, soit près de 24 km2. Swissolar estime (le 27 mars) que 20% de l’électricité (soit 12 TWh) seront produits par du PV en 2025. Sur les 13 années à venir, cela fait, en moyenne, 710 installations de 5 kW à installer chaque jour ouvrable !

Christophe de Reyff

Pensier (FR), le 4 avril 2012

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