Nucléaire : rêveries ou analyses sérieuses ?

Lettre de lecteur, publiée dans Le Temps mardi 25 novembre 2014, dont le titre a été changé par la rédaction du LT en “La sécurité du nucléaire” :

La sortie «indécise» qu’évoque M. Bernard Wuthrich (LT du 21.11.2014) pose aussi un vrai problème éthique. Notre génération ne veut pas débrancher tout de suite. Pour son confort, elle se donne le droit de prolonger l’utilisation des centrales nucléaires actuelles. L’interdiction du nucléaire proposée sera donc pour les générations futures. Ce sont nos enfants, qui n’ont pas encore le droit de vote, qui subiront plus tard l’interdiction. On leur laissera nos déchets, des centrales désaffectées mais pas de liberté de choisir. Est-ce acceptable?

Il y a un grand besoin d’informations fiables. Il y a peu d’analyses en provenance de gens du terrain qui disposent de compétences et de connaissances. On lira avec profit les interviews de la conseillère fédérale Doris Leuthard (LT du 08.11.2014) et d’Irene Aegerter (www.lesobservateurs.ch du 08.11.2014). Constat: d’un côté des rêveries politiciennes inconsistantes de notre ministre, de l’autre côté l’analyse lucide d’une femme de science compétente. L’éditorial du Temps signé par Pierre Veya (LT du 21.11.2014) est plus proche de Doris Leuthard que d’Irene Aegerter.

Sur le fond: la sécurité d’une technologie ne se fait pas avec des interdictions, mais avec des normes et leur respect. Les réacteurs de Tchernobyl et de Fukushima n’étaient pas conformes aux normes de nos réacteurs. Aucun réacteur conforme à ces normes n’a jamais provoqué de dégâts ou de victimes par la radioactivité à l’extérieur des enceintes.

Jean-François Dupont, Pampigny, le 21.11.2014

Sources 

§ M. Bernard Wuthrich (LT du 21.11.2014), citation:

«Quand la Suisse aura-t-elle définitivement tourné le dos au nucléaire? A la veille d’un débat fleuve sur la Stratégie énergétique 2050, cette question reste sans réponse. L’élan antinucléaire provoqué par la catastrophe de Fukushima, le 11 mars 2011, semble s’être essoufflé. La volonté de remplacer cette ressource par des agents renouvelables demeure. Elle est le fil conducteur de la stratégie dont débattra le Conseil national durant cinq jours. Elle s’appuie sur le constat, implacable, qu’aucune nouvelle centrale nucléaire n’a la moindre chance d’être construite en Suisse, quelle que soit la technologie utilisée. Mais dans quels délais les cinq usines existantes seront-elles débranchées et à quel rythme leur production sera-t-elle remplacée par d’autres ressources? Difficile de répondre.» …

§ Mme Irene Aegerter, le 8.11.2014, traduite dans www.lesobservateurs.ch

   Nucléaire: « Le Conseil fédéral nous prend pour des idiots »

Commentaire 

Chez le journaliste, un mélange de croyances et d’ignorance des faits; la volonté devrait pourtant bien se plier aux faits physiques: les agents renouvelables ne font pas et ne feront pas le poids … à partir de là, pas de fil conducteur, pas de constat implacable (sinon celui d’erreurs en chaîne dans les rapports du Conseil fédéral), pas de remplacement possible. Ce n’est pas difficile de répondre: jamais – sinon massivement avec des importations.

La vraie raison de la prolongation indéfinie du nucléaire suisse: le désarroi des stratèges (2050!) se découvrant les mains physiquement plutôt vides, le porte-monnaie déchiré … et par conséquent tirant des écrans de fumée.

Documentation:   Remplacer Mühleberg nucléaire ? Exclu !

André Bovay-Rohr, Colombier, le 28.11.2014

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