Nucléaire: victoire à la Pyrrhus des anti

Lettre de lecteur, publiée dans Le Temps le 16 décembre 2014, dont le titre a été changé par la rédaction du LT en “Nucléaire: victoire à la Pyrrhus des antinucléaires”.

Les décisions du Conseil national (voir Le Temps des 9 et 10 décembre) sur le nucléaire, lors des débats sur la «Stratégie énergétique 2050», sont entachées d’inconséquence et d’absurdité. Jusqu’au 25 mai 2011 de la décision hâtive et irréfléchie du Conseil fédéral d’abandon du nucléaire, il y avait sur la table de cette Autorité trois projets bien avancés de nouveaux réacteurs à construire sur les sites existants pour remplacer progressivement les cinq réacteurs actuels. Au nom d’une exigence justifiée de sûreté nucléaire accrue, on envisageait alors qu’il était préférable de mettre en œuvre au plus vite de nouvelles machines, dites intrinsèquement sûres, pour pouvoir se passer des anciennes sans trop attendre.

Maintenant, d’un côté, on veut interdire l’octroi d’autorisation pour de nouvelles centrales (tout en disant qu’il n’y a «aucun interdit de technologie»; et là, on peine à suivre la logique de nos politiques à têtes de Janus), et, d’un autre côté, on veut prolonger à coups de dix ans la vie des centrales actuelles, car on s’aperçoit malgré tout, mais assez tardivement à Berne, qu’il sera difficile de trouver 24 milliards de kWh et une garantie de puissance de 3 GW sous le sabot d’un cheval, je veux dire, sous le stratus et par calme plat. À part la soi-disant exemplaire Allemagne qui, pour cause de fermeture de centrales nucléaires, s’enferre dans une ère de production d’électricité à 57% fossile (dont 26% de lignite, 20% d’anthracite, 10% de gaz et 1% de pétrole, des agents énergétiques inoffensifs sur le plan écologique!) et est citée en parangon du renouvelable, on oublie qu’il y a actuellement 68 GW, ou autant de réacteurs nucléaires, en construction de par le monde. Que la Suisse veuille assurer à grand prix son approvisionnement sûr en énergie, comme le garantit sa Constitution, elle n’a plus qu’à imiter notre folle voisine! Il est temps que le souverain mette de l’ordre dans ce cafouillage.

Christophe de Reyff, Pensier (FR), le 11 décembre 2014

Commentaire

Qu’un expert comme le Dr De Reyff en vienne à dire tout haut “Il est temps que le souverain mette de l’ordre dans ce cafouillage” devrait donner à réfléchir à tous ceux qui ont conçu, puis approuvé une stratégie énergétique désastreuse (une majorité de notre monde politique suisse, fédéral et cantonal !): elle a fait la preuve expérimentale en Allemagne qu’elle mène à de cuisants échecs techniques et financiers. Si cette nouvelle loi sur l’énergie calamiteuse allait être définitivement approuvée, il y aurait sans doute demande de referendum; espérons que le peuple soit plus raisonnable que ses représentants: vive la démocratie directe !

André Bovay-Rohr, 1114 Colombier (VD), le 15 janvier 2015

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