Isotopes fertiles, dans les résidus nucléaires: de l’or en barre…

Lettre de lecteur

Deux lettres de lecteurs (Le Temps 12 et 14 décembre 2007) soulèvent la bonne question de l’utilisation du thorium (trois fois plus abondant que l’uranium) et de celle des « précieux résidus nucléaires » comme matière valorisable, sous forme de combustibles dans les futurs réacteurs. Dans les deux cas, on se propose d’utiliser des isotopes du thorium et de l’uranium dit « fertiles » (Th232 et U238) – pour les distinguer des isotopes « fissiles » de l’uranium et du plutonium (U235, Pu239), tels qu’actuellement utilisés dans nos réacteurs – qui nécessitent des réacteurs dits à neutrons rapides. Les éléments de combustible irradiés actuels, tels qu’ils sortent d’un réacteur contemporain après quelques années de service, voient leur bilan de matière passer d’environ 4-5% U235 et 95-96% U238, dans l’état initial, à finalement 3-4% de produits de fission, 1% U235, 1% Pu239, et 94-95% U238, en plus de 0,1% d’autres éléments, dits actinides transuraniens (neptunium, curium, américium, etc.). L’utilisation de 96% de ces résidus (soit U235, Pu239 et majoritairement U238) demande de procéder au « retraitement », c-à-d. à une séparation par voie chimique de ces isotopes, d’une part, et des produits de fission, d’autre part. Seuls ces derniers (3-4%) seront à considérer et à gérer comme de vrais déchets, soit à stocker en profondeur dans des couches géologiques, mais surtout, à l’avenir, à « transmuter », c-à-d. à transformer en d’autres isotopes, soit stables, soit moins longtemps radioactifs. Le stockage ultimement nécessaire ne sera plus à concevoir pour des milliers d’années, mais pour quelque trois siècles au grand maximum. Les éléments de combustibles irradiés sont donc à proprement parler « de l’or en barre » du point de vue énergétique puisqu’on pourra en tirer encore près de 30 fois plus d’énergie que lors de leur première utilisation.

Christophe de Reyff

Pensier (FR), le 19 décembre 2007

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