Après les silences de l’Université, la désinformation

On observe depuis des années un silence assourdissant du monde académique, que ce soient des Universités ou des EPF ou encore des grandes organisations comme les Académies (pour ce qui concerne la stratégie énergétique de la Confédération ou la stratégie énergétique des cantons suisses) . Ce n’est donc pas seulement l’Office fédéral de l’énergie (OFEN) et son département le DETEC, qui ont laissé passer des erreurs monumentales de conception, des erreurs techniques, des erreurs de calculs et provoqué ainsi une gigantesque pagaille financière.

Rompant ce silence de manière très négative, une publication toute fraîche de l’Université de Genève entame une évolution vers une désolante désinformation: on ne peut pas bêcher une technologie, avec laquelle notre Société n’a pas plus que quelques décennies de recul, avec une publication universitaire, contenant nonobstant autant d’offenses à la vérité ; cela méritait une démarche citoyenne, pour tenter de remettre les pendules à l’heure !

D’autres que moi ont été scandalisés par cette publication; un expert ingénieur en physique nucléaire, Dr. EPFL Jean-François Dupont, en fait l’analyse approfondie dans:

   Dossier nucléaire de Campus / UNIGE : un fiasco peut en cacher un autre.

Mais cette magistrale analyse n’a pas évoqué ce qui a provoqué une trouille profondément enracinée dans les esprits des opposants à l’énergie nucléaire à l’UNI-GE (entre autres), au point d’en faire un dogme: on doit s’en débarrasser coûte que coûte, car c’est affreusement dangereux! Il ne faut donc pas omettre dans l’inventaire des légèretés du dossier de Campus No 125 les suites en 2016 de la fraude scientifique de 1946 concernant la radioactivité (inoffensive à basse intensité et dont il n’est dit mot). C’est bien un de ces silences que je reproche à l’Université !

Correspondance

De : Famille Bovay-Rohr Date : 16 juin 2016 12:09:59 HAEC

À : Elisabeth.Muster@unige.ch, Antoine.Geissbuhler@hcuge.ch, didier.picard@unige.ch

Cc : Wildi Walter <Walter.Wildi@unige.ch>, communication@unige.ch

Objet : Radioactivité: en biologie ou médecine, que dit l’Université ?

Le présent message n’est pas confidentiel

Destinataires: 

– Recteur de l’Université de Genève

– Département d’imagerie et des sciences de l’information médicale, Direction

HUG, 4 rue Gabrielle-Perret-Gentil, CH-1211 Genève 14

– Faculté des Sciences de l’Université de Genève, Section de biologie, Présidence,

Sciences III, Quai Ernest-Ansermet 30, CH-1211 Genève 4

Monsieur le Recteur, Monsieur le Président, Monsieur le Directeur,

La présente fait suite à la publication de la revue Campus No 125 de juin 2016, à la page 20, à propos de technologie nucléaire:    Le nucléaire, chronique d’un fiasco technologique 

 Or en filigrane, on trouve la notion de grand danger de la radioactivité, serinée sans nuances au grand public pour des raisons idéologiques ou politiques; le modèle de calcul de probabilités des effets en biologie ou médecine doit donc à mon avis être revisité, car il est douteux. C’est pourquoi je m’adresse aux experts de  l’Université de Genève, familiers journellement de la radioactivité, pour liquider ce vieux problème.

1) Le dit modèle de calcul de probabilités a fait l’objet d’une fraude scientifique en biologie ou médecine, documentée dans la publication aux USA du Pr. Calabrese de septembre 2011 (!):    http://www.eurekalert.org/pub_releases/2011-09/uoma-urp092011.php      qui n’a semble-t-il pas fait jeter aux orties en 2016 le modèle sans seuils actuellement en vigueur … 

2) Comme l’auteur de Campus et le Pr. honoraire W. Wildi n’ont pas remarqué l’impossibilité physique de remplacer avec des sources suisses l’énergie électrique dispensée environ 8’000 heures par an par les centrales nucléaires, l’innocuité de la radioactivité ambiante, de l’ordre de 100 à 200 mSv/an, est à faire connaître publiquement. La poursuite forcée tôt ou tard du nucléaire est une affaire d’importance nationale: il faut dégonfler les passions autour de ce sujet.

 Salutations respectueuses.  …

Bibliographie (ne figurait pas dans le courriel)

– La technologie est en plein développement, chez des gens qui n’ont pas (par ignorance ou pour favoriser une énergie concurrente) d’a priori face à la radioactivité … Le cadre a été réfléchi et formalisé en 2006, voir   Forum international génération IV qui a impliqué des centaines de chercheurs. En France: Systèmes nucléaires de 4ème génération

– Les Suisses pourraient de leur côté développer ou faire développer des réacteurs destinés à exploiter leurs combustibles nucléaires usagés; comme technologie candidate, on trouve les réacteurs à onde de combustion nucléaire, capables d’exploiter 50% de l’énergie potentiellement présente (au lieu de 5% actuellement): ce serait mieux que d’enterrer ces substances précieuses et de trembler pour leur durable intense radioactivité … Voir Gaspiller ou exploiter les déchets nucléaires ?

– Quant à l’impossibilité physique, évoquée dans le courriel, voir Remplacer Mühleberg nucléaire? Exclu!

L’éditeur, Colombier (VD), le 17 juin 2016, rév. 24.6.2016

Suite de la correspondance

Le 21 juin 2016 à 08:51, Walter Wildi a écrit :

De : Walter Wildi <Walter.Wildi@unige.ch> Date : 21 juin 2016 08:51:51 HAEC

À : Famille Bovay-Rohr , Elisabeth Muster <Elisabeth.Muster@unige.ch>, “Antoine.Geissbuhler@hcuge.ch” <Antoine.Geissbuhler@hcuge.ch>,                           “Didier Picard”  <Didier.Picard@unige.ch>

Cc : communication <communication@unige.ch>

Objet : RE: Radioactivité: en biologie ou médecine, que dit l’Université ?

Cher Monsieur Bovay,

J’ai bien lu votre message et peux vous répondre comme suit:

– Peut-on, comme le fait l’ICRP, extrapoler des fortes radioactivités/courtes durées des bombes sur Hiroshima et Nagasaki sur les faibles radioactivités/longue durée de notre vie quotidienne?

– Pour rompre ou endommager une chaîne ADN, faut-il une radiation instantanée d’une certaine intensité “seuil”? Oubien: Y a-t-il  cumulation des effets dans ce tissu organique jusqu’à rupture? Quelle sont les conditions de l’auto-réparation?

– Comment interpréter les données épidémiologiques relevées aux alentours des centrales nucléaires? Lien avec le rayonnement direct ou les retombées? Ou: conséquence de la migration des populations, dont les ouvriers des centrales depuis des régions à plus forte radioactivité ambiante?

Concernant la nécessité des centrales nucléaires, nous avons choisi dans notre famille une solution simple: les panneaux photovoltaiques installés sur le toit de notre modeste villa au Grand-Saconnex produisent plus d’électricité que notre consommation. Et comme j’ai enseigné pendant des années les avantages et les limites des barrages hydroélectriques (y compris le pompage-turbinage), je me sens tout à fait à l’aise avec la thèse que les vieilles centrales nucléaires vétustes (je les connais bien) n’ont plus leur place dans notre paysage!

Meilleures salutations

Walter Wildi

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De : Famille Bovay-Rohr    Date : 21 juin 2016 14:34:44 HAEC

À : Walter Wildi <Walter.Wildi@unige.ch>

Cc : Elisabeth Muster <Elisabeth.Muster@unige.ch>, “Antoine.Geissbuhler@hcuge.ch” <Antoine.Geissbuhler@hcuge.ch>, Didier Picard <Didier.Picard@unige.ch>, communication <communication@unige.ch>

Objet : Illusoires énergies renouvelables

Le présent message n’est pas confidentiel 

Monsieur le Professeur,

Le blog dont il est question plus loin s’appelle “Toutes les énergies”, sur le site www.entrelemanetjura.ch ; quand un message n’est pas confidentiel, il y sera tôt ou tard publié. Vos commentaires sont les bienvenus.

En ce qui concerne vos questions:

1. L’ICRP a  ignoré (volontairement?) les travaux de 1946 (!) du Pr. Curt Stern et de ses assistants. Comme pour un petit coup de soleil, on ne peut pas extrapoler les effets d’une brûlure du 3ème degré … L’exagération actuelle ne sera évidemment pas un prétexte pour tomber dans quelque légèreté, mais on devrait avoir le courage scientifique de bousculer des dogmes douteux, même de l’ICRP.

2. Il y a plusieurs types de radiations, mais il n’y a pas cumul des effets biologiques avec le temps dans le cas des basses intensités: il y a normalement réparations d’un ADN; c’est l’existence de seuils qui permet de le dire. Si la source de radiations est proche, les seuils peuvent être franchis rapidement … En cas d’accident nucléaire, la pluie se chargera de nettoyer l’air et le sol à terme; la présence de radionucléides à respirer ou dans la nourriture est naturellement à prohiber: un accident est donc toujours très fâcheux … va obliger à des contrôles fastidieux. Voir la table de M. Bertrand Barré (lien fourni dans le blog). 

3. Les données épidémiologiques sont très délicates à interpréter, car il n’y a pas de centrales nucléaires en ville … On ne sait pas ce qui est le pire: les radiations ou plus probablement le diesel et les pesticides. 

4. L’alimentation électrique à l’échelle nationale ou continentale n’a pas grand-chose à voir avec celle d’une maison privée; je connais à Heimiswil une maison dotée depuis plus de 12 ans d’un toit couvert de panneaux PV: cette famille a rendu du courant aux BKW, mais heureusement pour elle, le réseau (alimenté entre autres par la centrale nucléaire de Mühleberg, avec 1’000’000 de personnes autour) a rendu la fourniture bien régulière !     A Genève et en Pays de Vaud, on a la mauvaise habitude de produire moins de 25% du courant sur place – éoliennes (nocives pour le climat) et panneaux PV (toxiques) seront sur ce plan-là des “poids plumes”. Voir les articles du blog concernant Mühleberg ou Hongrin-Léman. Il n’y a aucun doute que l’indépendance électrique de la Suisse va diminuer de manière critique lors du non-remplacement de ses centrales nucléaires. Je ressens un grand malaise à cette perspective; comme mes concitoyens, je n’aime pas l’idée d’être forcé à adhérer à l’UE suite à une incompétence de cette sorte; c’est documenté en détail dans le blog depuis des années et jusqu’ici, personne ne m’a contredit avec science.  

Salutations respectueuses.

André Bovay-Rohr, …

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PS               Ma formation a été celle d’un prof. de sciences de l’école secondaire vaudoise, mon métier informaticien système; à la retraite depuis 22 ans, je me suis cultivé en physique surtout. Sur le toit de ma maison, on trouve 20 m2 de panneaux thermiques depuis 2005, installation qui, comme mes calculs l’avaient prédit, est rentable sans subventions.

L’éditeur, Colombier (VD), le 24 juin 2016

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