L’hydrogène ? Science sans conscience !

Suite à l’article de M. Pierre Chambonnet “Mobilité propre: une bouffée d’hydrogène” le Temps, page 10, Rubrique science & environnement, samedi 19 juillet 2014; voir 

      http://www.letemps.ch/Page/Uuid/3a289f20-0e99-11e4-8015-d2f7a06c82fb%7C0

Lettre de lecteur (à ma connaissance à ce jour pas publiée).

«Qu’il y ait des voitures destinées à consommer de l’hydrogène, produites en série, est en soi une très mauvaise nouvelle. 

En effet, l’hydrogène fait partie des substances qui attaquent la couche d’ozone – en concentration suffisante – ce qui ne manquera pas d’arriver par les  inévitables pertes, si l’usage de l’hydrogène se répand. On trouve sur internet depuis plus de 10 ans des avertissements concernant ce danger.

L’hydrogène fait partie de la liste des CFC depuis qu’elle existe (années 1980, traité de Montréal): cela vaut d’être redit et publié !  Nous sommes entrés dans un cercle vicieux: en ne disant rien sur ce genre de risques, la Presse encourage l’industrie et les autorités européennes (cf CUTE ou HyFIVE)  à continuer sur cette ruineuse fausse piste. » 

André Bovay-Rohr, Colombier le 22 juillet 2014

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Pour le moment, j’ai enregistré plusieurs réactions privées; je ne me permettrai donc pas de les publier; ci-dessous un résumé des arguments en présence; en italique, mes réponses: 

 § L’hydrogène H2 par nature n’est pas un gaz à effet de serre. L’eau l’est …

§ Les CFC ont par des traces infimes et pour très longtemps une influence démesurée sur le comportement de la couche d’ozone. Or l’hydrogène est mentionné dans la même liste – de substances à soumettre à des recherches et à surveiller.  

 § Il est très peu probable que l’usage de l’hydrogène à domicile se répande; 

pourtant, pour remplacer un peu moins de 4 l. d’essence ou de fioul léger, il faut 1kg d’hydrogène, à savoir 16 litres sous 700 atmosphères … Après disparition du pétrole et du gaz, chacun voudra sa part d’énergie pour ses transports! Cela fera des myriades d’usagers: par rapport aux usagers d’hydrogène actuels, une multiplication par plusieurs ordres de grandeur … chacun faisant ses petites ou grandes pertes ! 

§ Concernant les risques liés à la production d’hydrogène et la couche d’ozone: ils existent, c’est évident. La science l’a clairement démontré Mais le risque zéro n’existe pas. Aucune technologie appliquée à la mobilité ne présente aucun risque. Doit-on pour autant renoncer à la mobilité?

La nature et l’ampleur des risques n’ont pas du tout été évoquées dans l’article: les usagers ne sont pas les seuls concernés – l’environnement l’est probablement, avec des effets de seuils.  

§ L’hydrogène n’est cité que dans la Convention de Vienne du 22.3.1985 (et pas dans le protocole de Montréal), dans l’annexe I, Recherches et observations systématiques, pages 350 à 352 de la source, avec le texte suivant: 

«L’hydrogène (H2)

L’hydrogène est d’origine naturelle et anthropogène; il joue un rôle secondaire dans la photochimie de la stratosphère.» 

Mea culpa – L’hydrogène n’est effectivement pas cité dans le protocole de Montréal (entré en vigueur en 1989 et amendé plusieurs fois depuis). Actuellement, on trouve une trace de 0.72 ppmv de H2 dans l’air (0.065 mg/m3). Dans la mesure où la photochimie de la stratosphère a été historiquement fortement modifiée par l’arrivée massive de vents solaires violents, composés à 73% de protons, la remarque de 1985 est scientifiquement discutable: se reporter aux événements de 1859, par exemple. On ne peut donc tenir compte que de la mention de l’hydrogène dans la liste de 1985 – comme substance à surveiller – MAIS on ne peut que déplorer et ignorer la remarque faussement rassurante. 

Source:   https://treaties.un.org/doc/Publication/UNTS/Volume%201513/volume-1513-I-26164-French.pdf

Conclusions 

§ 1. Parmi les 10 tonnes/m2 de gaz que représente l’atmosphère terrestre, l’ozone stratosphérique ne représente que 6.4 grammes/m2, (soit pour les chimistes, 0.134 mol/m2 d’ozone O3, généré dynamiquement, mais lentement, par la lumière solaire à partir de O2): une vitre en équilibre peu stable de 3 mm d’épaisseur seulement nous sépare de l’espace et nous protège des dangereux UV-B ! Pour le neutraliser, il suffira donc de n’y mélanger que 0.268 g/m2 de H2 (à cause de sa légèreté, 11.26 fois moins lourd que l’air, il va monter rapidement se mélanger aux gaz de la stratosphère) et qu’il réagisse avec l’ozone stratosphérique … 

Comme hydrogène et ozone sont deux réactifs bien connus pour leur grande affinité, envoyer un flux d’hydrogène à travers la stratosphère est une très mauvaise idée: en présence d’UV, dans la lumière solaire donc, l’ozone va vraisemblablement diminuer. Les UV-B vont alors rôtir la région entière en quelques minutes (détruire gens, bêtes et végétaux) où ce flux et où cette réaction auront eu lieu … Pareils risques pour la sécurité et la santé publiques sont tout-à-fait inacceptables, impensables. 

§ 2. Dommage pour les investissements déjà consentis, mais il va falloir oublier l’hydrogène pour remplacer le pétrole et le gaz … Il existe d’autres solutions, beaucoup moins dangereuses. 

§ 3. Dans la mesure où l’hydrogène sera fabriqué et complètement utilisé dans de grandes usines chimiques – sans pertes mesurables d’hydrogène dans l’environnement – il n’y aura pas lieu de l’interdire. 

André Bovay-Rohr, Colombier le 29 juillet 2014

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Commentaire

L’usage courant de l’hydrogène rencontre un autre obstacle, qui va tuer dans l’oeuf les tentatives de l’exploiter à grande échelle: les coûts sont exorbitants et les rendements à partir des énergies utilisées pour le fabriquer misérable (de l’ordre de 12%) !

Voir pour documentation:

   http://www.contrepoints.org/2015/07/26/215595-lhydrogene-cet-hallucinogene

   Fausses pistes

André Bovay-Rohr, Colombier(VD),  le 13 août 2015

Complément

2018-07-03-bateau-h2

Source: RTS_UN Couleurs d’été du 3.7.2018

Il est fâcheux que les crédits de recherches et développements de ce pays passent à des entreprises aussi téméraires et peu écologiques (que des accumulateurs à hydrogène) et que notre TV leur fasse une publicité aussi peu critique …

Avoir publié en 2014 et 2015 sur les tares et dangers de cette technique ruineuse n’a pourtant fait l’objet d’aucun commentaire sur le présent article: on pouvait donc penser l’affaire entendue. 

André Bovay-Rohr, Colombier-sur-Morges,  le 4 juillet 2018

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