Géothermie à Genève: quelle aventure !

Les Autorités de Genève (Ville et Canton) ont été dûment averties, cet été, des gros risques financiers qu’elles vont courir avec la géothermie profonde ; copie du courriel que je leur ai adressé: 2014.08-19 GE-courriel.pdf

La Presse et les médias, dont certains ont reçu ce message en copie, n’en ont rien dit: l’information est à sens unique – quand il y a un retour (fût-il scientifiquement fondé) et qu’elle dérange, on n’en souffle mot. Les exemples foisonnent, les trois plus récents:

 Transition énergétique en échec: à quand le rationnement ?

 Transition énergétique à la dérive

  Remplacer Mühleberg nucléaire ? Exclu !

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Le Conseiller d’Etat en charge du département DALE, M. Antonio Hodgers, a pris la peine de me répondre le 25.9.2014: qu’il en soit vivement remercié; en me fondant sur cette réponse, j’ai entrepris de documenter ci-dessous le contexte technique de cette coûteuse et risquée entreprise.

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§ Projet de géothermie genevois cité: voir    http://www.geothermie2020.ch

A parcourir ce site, j’ai le sentiment que l’Etat de Genève s’est lancé sur des pistes exigeant la Foi, le décrochage de la réalité physique se produisant à chaque fois qu’il est question d’énergie nucléaire. Quant à la Société à 2’000 W, il est plus qu’étonnant de la voir évoquer officiellement ici – sans plus de calculs … L’Etat ne semble pas s’être aperçu en 2014 que la transition énergétique qu’il appelle de ses voeux est déjà maintenant en échec sévère sur plusieurs tableaux; la Presse et les médias ne sont pas non plus au courant: ils n’en disent rien …

Seule consolation: la géologie du sous-sol impliqué sera étudiée avec rigueur par des spécialistes de l’Université, mais cela ne garantit en aucune manière le succès final de l’entreprise.

§ En ce qui concerne la consommation d’électricité à Genève en 2013 (sans le CERN !), elle se montait à 2’943 GWH: c’est un peu moins que la production annuelle de la centrale nucléaire de Mühleberg (373 MW).

Genève produit une petite partie de son électricité par ses installations hydrauliques (466 GWH, 16% à Verbois et 25 GWH,  moins de 1% à Seujet) et achète le reste à l’extérieur; il va donc de soi que de l’ordre de 75% proviennent physiquement surtout des fidèles et très puissantes usines nucléaires françaises de la vallée du Rhône; cela pourrait bien changer en 2020, à l’échéance de contrats avec le fournisseur. Il doit aussi arriver parfois à un électron de Grande-Dixence de passer par là … Sources:

http://fr.wikipedia.org/wiki/Catégorie:Barrage_du_canton_de_Genève

Statistiques de consommation annuelle dans le tableau T 08.03.2.01, sur la page

http://www.ge.ch/statistique/domaines/08/08_02/tableaux.asp#3

§ Le flux de chaleur en géothermie (profonde ou non) à Genève permet de calculer une limite de puissance de l’énergie renouvelable disponible: je suggère d’utiliser la superficie cantonale de  282 Km2; à 60 mW/m2 (le flux le plus bas de Suisse), cela donne 17 MW comme ordre de grandeur maximum; de la chaleur, pas encore de l’électricité … au mieux, à supposer que le captage s’étende sur un territoire aussi vaste, on pourrait donc en tirer 6 MW d’électricité au plus. Pas de quoi approcher le début d’un remplacement de l’électricité nucléaire (dont les habitants romands et français de la région se gavent jour et nuit toute l’année, Genève en tête): un fantasme trompeur à oublier !   

§ Les forages devront être fortement assurés, car l’eau a pu, au cours des millénaires, dissoudre moult substances toxiques, corrosives et malodorantes … et se voir relâcher en masse dans l’environnement de manière mal contrôlée, par des foreurs pris par surprise.

§ Réponse de l’Etat de Genève à mon message: 2014.09-25 Hodgers.pdf

Ce qu’on y lit semble très raisonnable, si l’on comprend que la géothermie en question ne sera en fait PAS trop profonde … 

Documentation sur les exemples parisiens cités (moins de 2’000 m de profondeur):

http://www.geothermie-perspectives.fr/article/aquiferes-profonds-bassin-parisien

http://www.geothermie-perspectives.fr/article/temperature-dogger

le constructeur – qui a eu beaucoup de chance avec ses acquifères et leurs épontes – s’attend à ce que leur exploitation ne dure pas éternellement … 

Conclusion

Trouver de l’eau chaude dans le sous-sol de Genève, en se tenant aux aspects raisonnables du projet étudié, va peut-être produire en abondance du chauffage à basse température et à bon prix !

Sera-t-on alors, en cas de succès, plus raisonnable à Genève qu’à Paris – en ne dépensant pas plus de ressources renouvelables en chaleur que ce que la Nature veut bien offrir ?

Il est naturellement permis aux quotidiens et aux médias de publier le contenu du présent blog, comme il est d’usage avec citations.

André Bovay-Rohr, Colombier (VD), le 1er octobre 2014

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