Combattre les fariboles

Dans les exemples qui suivent, les auteurs ont réagi contre des écrits de personnages connus, pour dénoncer en matière d’énergie des fariboles exprimées publiquement et le plus sérieusement du monde. Or il ne s’agit pas d’un exercice académique: les uns (ou leurs prédécesseurs) ont été à la source de données fausses utilisées par l’administration fédérale; les autres détiennent un pouvoir législatif, leur passion communicative, en matière de fictions alléchantes, a convaincu peu à peu une majorité; tous violent allègrement les lois de la physique – et ils mènent ainsi notre pays dans un marécage de probables et coûteuses pénuries …

L’éditeur, le 27.11.2014

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Un professeur zürichois, égaré très loin de ses ordinateurs

 

L’article en question   «Am teuersten dürften Atomkraftwerke sein»

de Martin Läubli, dans le Tagesanzeiger, le 24 février 2013

La parole au Professeur Anton Gunzinger, de l’EPFZ

 

Lettre de lecteur, à la connaissance de l’éditeur pas publiée

 

Herr Gunziger behauptet, dass mit einer installierten Photovoltaikleistung von 12 GW alle schweizerischen Kernkraftwerke (KKW) ersetzt werden können. Dies ist eine bewusste Irreführung des Publikums, wie die folgende Rechnung auf dem Niveau eines Fünftkl.sslers der Primarschule zeigt. Unsere KKW leisten im Jahresschnitt ca. 3 GW. Damit produzieren sie eine Bandenergie von 3 GWJahr. Die Sonnenscheindauer im schweizerischen Mittel beträgt höchstens 1900 Stunden. Ein Jahr umfasst etwa 8800 Stunden. Damit die Photovoltaik die gleiche Energie produzieren kann, muss deren installierte Leistung mindestens (8800 / 1900) mal 3 GW = 14 GW betragen. Darin sind aber die notwendigen Umformung- (Gleichstrom zu Wechselstrom), Transport- und Speicherverluste nicht mitberücksichtigt. Ebenfalls nicht berücksichtigt sind Verluste, die durch die Variation des Einfallswinkels der Sonnenstrahlung, Belegung von Staub, Tau, Schattenwurf usw. entstehen. Damit wir eine stabile elektrische Energieversorgung garantieren können, brauchen wir eine zusätzliche Leistungsreserve, die den Launen der Natur gerecht werden kann. Mit diesen Faktoren eingerechnet dürfte der Bedarf an installierter Photovoltaikleistung mindestens 22 GW betragen. Je nach Effizienz der Photovoltaikzellen dürfte damit eine Fläche von einigen hundert bis tausend Quadratkilometern nötig sein. (Die Fläche des Kantons Thurgau beträgt angenähert 1000 Km2.)

 

Pr. honoraire EPFL Franz-Karl Reinhart, Lausanne, le 5 avril 2013

 

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Un professeur américain, noyé dans l’hydraulique suisse

Titre de l’article: «La Suisse doit reprendre l’initiative en Europe avec une politique énergétique proactive» du 30.10.2014 dans Le Temps

 

L’auteur, le Pr. Michaël Aklin, a fait une partie de ses études à Genève, est actuellement Professeur assistant en sciences politiques à l’Université de Pittsburg, voir   http://www.pitt.edu/~aklin/

 

Lettre de lecteur, parue dans Le Temps le 10.11.2014

 

La Suisse, «batterie» électrique de l’Europe?

Le Pr Aklin (Université de Pittsburgh) écrit que «la Suisse n’utilise que 31% de son potentiel hydraulique». Il confond la puissance hydraulique de ~14 GW (~4 GW pour les centrales au fil de l’eau et ~10 GW pour celles à accumulation) et la production d’hydroélectricité qui est de 39’572 GWh en 2013, dont 2’132 GWh utilisés pour le pompage, soit une production nette de 37’440 GWh (17’759 GWh des centrales au fil de l’eau et 19’681 GWh de celles à accumulation, selon la «Statistique suisse de l’électricité 2013»). Il oublie qu’il est impossible de turbiner l’eau de nos lacs durant 8’760 heures par an (365 x 24) avec une puissance de 10 GW! Cela représenterait une énorme quantité d’électricité de 87’600 GWh. La production effective correspond à 1’968 heures par an à pleine puissance. La capacité des bassins de retenue étant de 8’775 GWh, on arrive à l’utiliser un peu plus de deux fois par an. Le potentiel hydraulique de la Suisse ne doit donc pas être identifié à une utilisation à 100% du temps d’une puissance de 14 GW.

Dans sa «Stratégie énergétique 2050» (SE2050) le Conseil fédéral prévoit une augmentation de la capacité de production hydraulique de 3’200 GWh, soit ~10% de la production actuelle. La future centrale de pompage-turbinage de Nant de Drance (entre les deux lacs d’Émosson et du Vieux-Émosson) aura une puissance de 0,9 GW et pourra récupérer 2’500 GWh, soit ~80% des 3’100 GWh pompés. On voit que la puissance maximale sera disponible ~2’800 heures par an. En comparaison, le lac des Dix a une capacité de 400 millions de m3 retenus par le barrage de la Grande-Dixence, permettant une puissance de 2 GW durant 1’000 heures de pointe pour produire 2’000 GWh par an, sur une chute maximale de 1’880 m. Selon la SE2050, la capacité de pompage-turbinage en Suisse, qui est de 1,7 GW, pourra être portée à 4 GW d’ici à 2020, soit une infime partie de la capacité requise en Europe.

Christophe de Reyff, Pensier (FR), le 1.11.2014

 

Commentaire

Nos diplomates seront donc bien inspirés de ne pas évoquer les barrages suisses comme accumulateurs capables de servir toute l’Europe, alors qu’ils ne sont pas suffisants à faire face au départ des usines électro-nucléaires suisses … Les spécialistes européens, devant pareil argument (scientifiquement inconsistant), risqueraient bien de leur rire au nez !

André Bovay-Rohr, Colombier, le 27.11.2014

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Dans les sables mouvants de croyances énergétiques

 

Titre de l’article:  Trois ans après Fukushima, une sortie du nucléaire à reculons

publié le 25.11.2014 dans le Temps.

 

Lettre de lecteur, publiée le 27.11.2014 dans Le Temps (parties en italique que la Rédaction a supprimées); à l’origine, un courriel:

De : Famille Bovay-Rohr 

Date : 25 novembre 2014 12:54:07 

À : adele.thorens@parl.ch

Cc : lecteurs@letemps.ch, yannick.buttet@parl.ch, jacques.bourgeois@parl.ch, laurent.favre@parl.ch, roger.nordmann@parl.ch, “Guy.Parmelin@parl.ch” <guy.parmelin@parl.ch>, christian.wasserfallen@parl.ch, hans.killer@parl.ch, pierre-francois.veillon@parl.ch, rudolf-joder@joder.ch, gpk.cdg@parl.admin.ch

Objet : Importations massives d’électricité: votre politique du futur ?

Madame la Conseillère nationale, 

Dans votre article, titre “Trois ans après Fukushima, une sortie du nucléaire à reculons”, on trouve l’affirmation, à propos de nucléaire, “…les alternatives sont là, à portée de main.” 

Hélas, Madame, c’est carrément faux! Je ne comprends pas que vous puissiez croire à ce conte à dormir debout: cela suppose que vous ayez fait confiance à des spécialistes qui ne la méritaient pas. Aussi bien en ce qui concerne l’usage des énergies renouvelables en Suisse, qu’en ce qui concerne les risques du nucléaire, vous semblez vous être faite mener en bateau dans les grandes largeurs …

Conséquences:  votre politique mène tout droit, sans que vous le disiez nulle part, à une augmentation massive de nos importations d’électricité; et les seuls à même d’exporter de l’électricité dans ces quantités ces temps sont les usines à charbon allemandes: est-ce vraiment ce que vous désirez amener par votre vote ?

Salutations respectueuses.

André Bovay-Rohr

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Documentation

 

En ce qui concerne le remplacement des centrales nucléaires, on trouve la démonstration simple, en physique, qu’il est impossible avec les moyens déployés en Suisse, à l’article:   Remplacer Mühleberg nucléaire? Exclu!   

dans le blog “Toutes les énergies”, site   www.entrelemanetjura.ch   

 

En ce qui concerne les spécialistes , voir

   Commissions de surveillance saisies   

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1 réponse à Combattre les fariboles

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